ce que le jour doit à la nuit

Le jour se lève dans le silence de la nuit. La lumière effleure mon visage. Le calme et le sourire aux coins des lèvres. Je danse avec mes ombres et ses mirages, je les prends par la main, je ris avec elles, je ris de ce cycle d’obscurité, d’errance et d’étrangeté. J’ouvre la fenêtre et je lui dis de s’en aller. Le cauchemar part. La tâche de brouillard s’évapore, se dissout dans les stances de lumière. Des petites tâches d’encre noire qui sautillent apparaissent dans ce clair obscur, elles s’allongent devant mes yeux. L’éphémère écrit en sanskrit. C’est une publication du printemps des poètes. C’est le titre d’une nouvelle sans achèvement. L’effet mer. La mer. L’effet mère. L’amer. J’hume la mer, l’amertume. Rien ne subsiste, rien de résiste. Tout se créé, tout se perd, tout se transforme. Je contemple le réel, le Chaos et l’Harmonie. Le Vide et le Plein. Le Rationnel et l’Irrationnel. La Raison et la Folie. Le Visible et l’Invisible. L’Exprimable et l’Ineffable. La Forme et l’Informe. Résonance et Dissonance, le sens de leur existence siège probablement dans le silence. Les cicatrices s’adoucissent, ma peau est apaisée. Au loin, j’aperçois les saveurs de cet avenir déjà présent, je contemple nos silhouettes fouler la terre, vagabonder dans les cimes des forêts et des ciels enneigés, faire l’amour dans les livres, les champs et les rivières, méditer au printemps, en été, en automne, en hiver. Cueillir les fleurs, les humer, les goûter. Vivre dans le parfum des oiseaux, je nous vois effleurer nos corps dans le ciel étoilé, écrire, peindre et danser. Je nous vois nous tenir la main, nous couvrir de tendresse et de vie, célébrer l’éphémère, nous porter dans l’obscurité. Qu’est-ce que le jour doit à la nuit ?

Christel Ollivier-Henry